︎︎︎ Retour à l’index
Lena Nikcevic
Lena Nikcevic est une artiste d'origine yougoslave et naturalisée française. Elle est née en 1977 à Podgorica, au Monténégro. La mère de Lena est macédonienne et traductrice français-serbo-croate et son père était un historien serbo-monténégrin. Il a travaillé sur les textes interdits dans le Moyen Âge, et a, malgré la censure jusqu'à la fin des conflits dans l'ex-Yougoslavie, laissé derrière lui un vaste ouvrage écrit sur les origines des peuples des Balkans.
La période de la guerre de dix ans et des bombardements qui ont suivi la dissolution de la Yougoslavie, a été un peu plus paisible pour le Monténégro. Les trois dernières années de cette période, Lena étudie la peinture à l'Académie des Beaux-Arts de Cetinje. En 1999, avec douze collègues elle monte un projet d'échange avec les Académies des beaux-arts de France. Grâce à l'association Solidarité Europe Monténégro dirigée par Nikola Petrović Njegoš, prince du Monténégro et architecte parisien de renom, ils ont réussi à obtenir les papiers pour quitter le pays. Le tirage au sort a fait que Lena arrive à Tours et entre à ESBA-TALM. Sans avoir droit à une bourse européenne, elle travaillait pour financer ses études. Elle obtient DNSEP en 2003.
Lors d'une exposition avec deux collègues au Château de Tours en 2006, Léna rencontre Annie Catelas et son mari Xavier, directeur général de la société Clen. Annie, ne comprenant pas comment cette jeune artiste dépourvue d’atelier pouvait réaliser une exposition dans un tel lieu, décide de soutenir Lena. Elle lui offre la possibilités d'utiliser gracieusement l'usine désaffectée Doubinski, aujourd’hui Les Ateliers de la Morinerie. Après quelques mois, démarre le projet de construction du premier « lot » des ateliers, LeBled. En 2011, Lena quitte LeBled pour construire avec son mari Julian Modica Helmschrott deux ateliers situés à la porte P, sous le nom d’association Piérie, aujourd’hui Unified Field. Dans un de ces deux ateliers travaille depuis 2018 l’artiste Bojana Nikcevic, la soeur de Lena.
L'engagement de Léna aux côtés d'Annie dans l'aventure de création et de développement de ce lieu et la possibilité d'y travailler ont fait que Léna est restée en Touraine jusqu'en 2017.
Lorsqu'elle a appris cette année que son père était mourant, elle est retournée au Monténégro avec son mari germano-italien et ses deux fils pour un an. Le couple a emménagé une vieille maison à Stari Bar comme atelier. Ce séjour a donné lieu une exposition au Centre d'art contemporain Dvorac Petrovića à Podgorica. L’année suivante, en 2018, elle a déménagé avec sa famille à Ottobrunn (Munich), également pour des raisons familiales. En 2019, ils ont obtenus de la Ville de Munich un atelier aux DomagkAteliers. Depuis 2019 Lena est membre de BBK Oberbayern N°9074 (Berufsverband Bildender Künstler*innen - Association Professionnelle des Artistes Visuels) et depuis 2023 de GEDOK München e.V. et de km (Kunstverein München e.V.- Association d'art de Munich).
Constatant que la mobilité encourage à aller au-delà de ses propres convictions et de ses modes d'action habituels, et donc à aiguiser la conscience individuelle pour qu'elle s'ouvre davantage au monde, Lena décide en 2023 de mettre en place un projet d'échange interculturel entre artistes français et allemands : Nest&Net. Depuis elle travaille entre l’Allemagne et la France.
Avant tout peintre, Lena laisse également son travail se déployer dans d'autres domaines tels que l'illustration, le design, la sculpture, l'installation, l'image et l'architecture. Son travail fait partie de nombreuses collections privées internationales et de quelques collections publiques, dont celle de la ville de Tours.
*
︎
lenanikcevic@yahoo.fr
︎ Instagram
︎ Site web 1
︎ Site web 2
︎ Site web 3
Association Unified Field
Lena Nikcevic est une artiste d'origine yougoslave et naturalisée française. Elle est née en 1977 à Podgorica, au Monténégro. La mère de Lena est macédonienne et traductrice français-serbo-croate et son père était un historien serbo-monténégrin. Il a travaillé sur les textes interdits dans le Moyen Âge, et a, malgré la censure jusqu'à la fin des conflits dans l'ex-Yougoslavie, laissé derrière lui un vaste ouvrage écrit sur les origines des peuples des Balkans.
La période de la guerre de dix ans et des bombardements qui ont suivi la dissolution de la Yougoslavie, a été un peu plus paisible pour le Monténégro. Les trois dernières années de cette période, Lena étudie la peinture à l'Académie des Beaux-Arts de Cetinje. En 1999, avec douze collègues elle monte un projet d'échange avec les Académies des beaux-arts de France. Grâce à l'association Solidarité Europe Monténégro dirigée par Nikola Petrović Njegoš, prince du Monténégro et architecte parisien de renom, ils ont réussi à obtenir les papiers pour quitter le pays. Le tirage au sort a fait que Lena arrive à Tours et entre à ESBA-TALM. Sans avoir droit à une bourse européenne, elle travaillait pour financer ses études. Elle obtient DNSEP en 2003.
Lors d'une exposition avec deux collègues au Château de Tours en 2006, Léna rencontre Annie Catelas et son mari Xavier, directeur général de la société Clen. Annie, ne comprenant pas comment cette jeune artiste dépourvue d’atelier pouvait réaliser une exposition dans un tel lieu, décide de soutenir Lena. Elle lui offre la possibilités d'utiliser gracieusement l'usine désaffectée Doubinski, aujourd’hui Les Ateliers de la Morinerie. Après quelques mois, démarre le projet de construction du premier « lot » des ateliers, LeBled. En 2011, Lena quitte LeBled pour construire avec son mari Julian Modica Helmschrott deux ateliers situés à la porte P, sous le nom d’association Piérie, aujourd’hui Unified Field. Dans un de ces deux ateliers travaille depuis 2018 l’artiste Bojana Nikcevic, la soeur de Lena.
L'engagement de Léna aux côtés d'Annie dans l'aventure de création et de développement de ce lieu et la possibilité d'y travailler ont fait que Léna est restée en Touraine jusqu'en 2017.
Lorsqu'elle a appris cette année que son père était mourant, elle est retournée au Monténégro avec son mari germano-italien et ses deux fils pour un an. Le couple a emménagé une vieille maison à Stari Bar comme atelier. Ce séjour a donné lieu une exposition au Centre d'art contemporain Dvorac Petrovića à Podgorica. L’année suivante, en 2018, elle a déménagé avec sa famille à Ottobrunn (Munich), également pour des raisons familiales. En 2019, ils ont obtenus de la Ville de Munich un atelier aux DomagkAteliers. Depuis 2019 Lena est membre de BBK Oberbayern N°9074 (Berufsverband Bildender Künstler*innen - Association Professionnelle des Artistes Visuels) et depuis 2023 de GEDOK München e.V. et de km (Kunstverein München e.V.- Association d'art de Munich).
Constatant que la mobilité encourage à aller au-delà de ses propres convictions et de ses modes d'action habituels, et donc à aiguiser la conscience individuelle pour qu'elle s'ouvre davantage au monde, Lena décide en 2023 de mettre en place un projet d'échange interculturel entre artistes français et allemands : Nest&Net. Depuis elle travaille entre l’Allemagne et la France.
Avant tout peintre, Lena laisse également son travail se déployer dans d'autres domaines tels que l'illustration, le design, la sculpture, l'installation, l'image et l'architecture. Son travail fait partie de nombreuses collections privées internationales et de quelques collections publiques, dont celle de la ville de Tours.
*
PRIX
2023
- 2e prix, prix du public, Truderinger Kunst-Tage, Allemagne
- 2e prix ARTiges, Allemagne
2016
- 2e prix, SINHRO-ART KONSTRUKCIJA, marché public pour l’installation dans le cadre de réaménagement de l'ancienne usine de l'Arsenal, Porto Monténégro, Monténégro
2015
- Coup de cœur de la Compagnie Off, POLAU, pour l’installation IMMERSION, Saint-Pierre-des-Corps, France
2013
- 1er prix de peinture, Salon d'art 13 NOVEMBAR, Cetinje, MonténégroExpositions, sélection
2024
- PRESENCE AND THE VOID, exposition collective, Galerie GEDOK, Munich
- PRÄSENT, exposition collective, halle50, DomagkAteliers, Munich
2023
- WARTE!, exposition personnelle, halle50, DomagkAteliers, Munich
- THE FEMALE SHOW, exposition collective, Projektraum Munich Art, Munich
- TRUDERINGER KUNST-TAGE, exposition collective, Kulturzentrum Trudering
- BLÜTEZEIT, exposition collective, dans le cadre du FLOWER-POWER-FESTIVAL de Munich, halle50, DomagkAteliers, Munich
- STANDSTILL, exposition avec Julian Modica, Hanghofer Künstlerhaus, Ummendorf
2022
- SPACING TIME, exposition personnelle, Galerie des Ateliers de la Morinerie, Saint-Pierre-des-Corps
- ALTE MEISTER - NEU INTERPRETIERT dans le cadre des LANGE NACHT DER MUSEEN, exposition collective, halle50, DomagkAteliers, Munich
2021
- À LA RECHERCHE DU BONHEUR, exposition personnelle, Conseil départemental d'Indre-et-Loire, Tours
- GESTERN-HEUTE-MORGEN, exposition collective, FMDK, Musée Égyptien, Munich
- ARTMUC, salon d'art, avec Domagk Ateliers, Munich
2020
- WARUM IN DIE FERNE SCHWEIFEN... ?, exposition collective, HTG, Unterhaching
2019
- IL Y AURA DES JOURS, exposition personnelle, présentation du livre et des originaux avec l’éditeur, L'Élan Vert, Galerie des Ateliers de la Morinerie, Saint-Pierre-des-Corps
- THOMA GALERIE, exposition collective, Starnberg
2018
- IN-BETWEEN, exposition avec Julian Modica, Centre d'Art Contemporain Dvorac Petrovića, Podgorica, Monténégro
- CRTEŽ KAO EKSPERIMENT, exposition collective, Centre d'Art Contemporain Dvorac Petrovića, Podgorica
2017
- ONE MAN'S LAND, exposition personnelle, L'Annexe, Centre d'Art des Rives, Saint-Avertin
- IN-UTILE, exposition personnelle, Campus, Joué-lès-Tours
- TRANSPARENCES, exposition collective, Hôtel Goüin, Tours
- IMAGO MUNDI - Mediterranean Routes, exposition collective, Zona Arti Contemporanee, Palermo
2016
- FROM HERE TO THERE, exposition personnelle, Château de Cangé, Saint-Avertin
- TRANS-APPARENCES, exposition avec Hélène Stefanica, La Médiatheque de La Riche
2015
- IMMERSION, exposition personnelle, POLAU, Saint-Pierre-des-Corps
2013
- EX-SITU, exposition personnelle, Centar, Podgorica
2012
- NOUVEL ACCENT, exposition collective, Cosmopolis, Nantes
- MONTENEGRIAN ART IN THE XXI CENTURY, exposition collective, Musée Erarta, St-Pétersbourg
- GRID, la Biennale internationale de la photographie, Amsterdam
*
Acquisitions et commandes, sélection (public, entreprises et fondations)
2022
- La Ville de Zwickau, JEDER IST FÜR JEDEN DA, marché public, concept et design, réalisation avec le mosaïste Julian Modica, garderie Oberhohndorf, Zwickau
- Entreprise Clen, À LA RECHERCHE DU BONHEUR 10, Saint-Benoît-la-Forêt
2020
- Azmont Investments, ART WALL, concept et design, réalisation avec le mosaïste Julian Modica et Matko Kezele, Complexe de luxe, Portonovi
2019
- Conseil départementale d'Indre et Loire, DOUBLE-FACES 24, Tours
- Entreprise CLEN, MER-MER-MER, Saint-Benoît-la-Forêt
2016
- La Ville de Tours : LE MANTEAU DE SAINT MARTIN pour l'année jubilaire
2015
- Imago Mundi Art, GEOGRAPHIE ENTRE CIEL ET TERRE 1 et 2, Fondation Benetton
2012
- RCP-Design Global pour la Ville de Tours : ANTIDOTE, dans la salle d'accueil de l'Hôtel de Ville, Tours
2010
- Banque Populaire Val de France : CORDES, dans le hall d'entrée du siège de la banque, Tours (par le biais de l'association Mode d'Emploi)
*
Publications (presse et édition), sélection
2023
- DOMAGK ATELIERS, catalogue
2022
- ARTSIN SQUARE, Magazine d'Art imprimé et numérique, 2022, pages 74 et 75
2021
- GESTERN-HEUTE-MORGEN, catalogue d’exposition, édition FMDK, Munich, Allemagne
2019
- KULTURLAND, Magazine culturel de la région de Munich, février-juin 2019, page 7
- IL Y AURA DES JOURS, livre, illustrations sur le texte de Élisabeth Coudol, Les Éditions de l'Élan Vert, Saint-Pierre-des-Corps, France
2018
- IN-BETWEEN, catalogue d’exposition, édition Centar, Podgorica, Monténégro
- CRTEŽ KAO EKSPERIMENT, catalogue d’exposition, édition Centar, Podgorica, Monténégro
2017
- LE QUATRIÈME TIERS - Lena Nikcevic - double exposition, Revue d'art contemporain, rencontre avec un artiste de la région Centre, n°24
2015
- ANNIE, LENA ET QUELQUES POUDRES D'HASARD, Battements de Loire, Magazine numérique, France (à propos de la naissance des Ateliers de la Morinerie)
- IMAGO MONTENEGRINA, Artistes contemporains du Monténégro, livre, édition Imago Mundi
- Luciano Benetton Collection
2013
- EX-SITU, catalogue d’exposition, édition Centar, Podgorica, Monténégro
2012
- LES ÉPINES FORTES, Le Monde, blog (à propos de la naissance des Ateliers de la Morinerie)
- MONTENEGRIAN ART IN THE XXI CENTURY, catalogue d’exposition, édition Centar, Podgorica, Monténégro
2011
- CRVENE ŠUME, SJEĆAJUĆE HALJINE I DRUGE ZAČUDNE STVARI, ARTCENTRALA n°5, pages 74-81, Magazine d'Art pour les pays des Balkans
︎
lenanikcevic@yahoo.fr
︎ Site web 1
︎ Site web 2
︎ Site web 3
/Présentation
À travers la création, j’interroge ma perception face au flot des réalités qui me parviennent, et les frontières qui séparent ces différentes réalités.
Les êtres représentées dans mes œuvres semblent chercher leur place dans le monde ou le sens de la vie. J’aime bien le fait que leur présence, parfois même minuscule, remplie le paysage. Ce qui m’intéresse est de peindre ce moment où elles échangent leurs pensées et leurs sentiments avec le monde qui s’offre à eux.
Le sens, je cherche à l’obtenir « au-delà » de l’image, car je fais partie d’une réalité aussi invisible. Mais je ne peux pas peindre l’invisible, car je l’ai jamais vu. Alors je peins quand même toujours le visible, ce que j’ai aperçue, même s’il s’agit de la périphérie du visible, des fragments, ou les manifestations qu’on voit en fermant les yeux. Tous ces impression j’intègre au tableau. C’est ainsi que je crée les ambiances, et c’est ces ambiances, qui, malgré les représentations sociétales, devient parfois les sujets même de mes tableaux.
Quant à la peinture-même, je la vie dans sa « biodiversité », avec son héritage historique et ses possibilités infinies de se dire. Je n’ai jamais pu me contenter avec une seule forme d’expression. Je peins avec plusieurs influences, je combine plusieurs styles. Je mélange expérimenté, vu, ressenti et pensé. Cependant, je peints à chaque fois comme si c’est la première fois que je le fais. Je suis toujours surprise de la manière dont un tableau demande un chargement et l’autre un allègement, pour s’en sortir.
"Lena Nikcevic, dans ses tableaux, ne sépare presque jamais la nature de l’homme, qu’il soit (souvent) seul dans le paysage ou représenté dans un rapport ambivalent avec le monde urbain moderne et ses architectures industrielles. La relation qu’elle établit entre eux, pose de façon essentielle la question de notre présence dans un contexte idéologico-politique où il est devenu urgent de revisiter nos valeurs en remettant en cause celles qui ont rendu notre monde si mal habitable. Elle est de ces artistes pour qui la peinture est chemin de l’homme dans le temps, humanisation du temps par l’acte de peindre, recherche angoissée et parfois douloureuse de notre conscience de vivants, habitants de cette planète on ne peut plus mise à mal, sursaut de la dernière chance. Car c’est toujours la dernière chance. Aujourd’hui comme hier. Et demain plus encore ! Rien pourtant de démonstratif et moins encore de moralisant dans cette peinture dont la voix est essentiellement poétique, mais les voix de la poésie se doivent de s’inscrire dans le monde et s’en faire l’écho.
...
Et s’il suffisait de s’arrêter, de se tenir debout dans le petit matin, les yeux fixés sur la montagne et l’ondulation de la mer, écarquillés sur la pénombre des sous-bois, sur la lumière des écorces et la blancheur d’hermine de la neige ? Instants pris à la dérobée, regard furtif qui tient du vol, vient, revient, se dérobe pour revenir, mais que Lena Nikcevic capture sous le geste de ses pinceaux, fixe par ses couleurs et nous restitue si magiquement. Et si c’étaient ces instant-là, fragments d’une fugitive réalité, ce passage fugace qui seuls importaient ? Ce saut, ce bond vers un regard plus pénétrant, pour rien que la brûlure d’un passage de l’éphémère où se consume notre vie. Mobilité pure camouflée sous nos yeux en immobilité. Musique sous le silence. Comme les premières images d’un temps que nous avons perdu. Instants d’une lumière dont la grâce soudain accordée refait le commencement du monde. Et à Lena ces mots de Nietszche : « L’instant infinitésimal est la réalité, la vérité supérieure, une image éclair surgie de l’éternel fleuve ».”
"extraits de texte "Images de l’éternel fleuve", Michel Diaz, 2022-2023
Les êtres représentées dans mes œuvres semblent chercher leur place dans le monde ou le sens de la vie. J’aime bien le fait que leur présence, parfois même minuscule, remplie le paysage. Ce qui m’intéresse est de peindre ce moment où elles échangent leurs pensées et leurs sentiments avec le monde qui s’offre à eux.
Le sens, je cherche à l’obtenir « au-delà » de l’image, car je fais partie d’une réalité aussi invisible. Mais je ne peux pas peindre l’invisible, car je l’ai jamais vu. Alors je peins quand même toujours le visible, ce que j’ai aperçue, même s’il s’agit de la périphérie du visible, des fragments, ou les manifestations qu’on voit en fermant les yeux. Tous ces impression j’intègre au tableau. C’est ainsi que je crée les ambiances, et c’est ces ambiances, qui, malgré les représentations sociétales, devient parfois les sujets même de mes tableaux.
Quant à la peinture-même, je la vie dans sa « biodiversité », avec son héritage historique et ses possibilités infinies de se dire. Je n’ai jamais pu me contenter avec une seule forme d’expression. Je peins avec plusieurs influences, je combine plusieurs styles. Je mélange expérimenté, vu, ressenti et pensé. Cependant, je peints à chaque fois comme si c’est la première fois que je le fais. Je suis toujours surprise de la manière dont un tableau demande un chargement et l’autre un allègement, pour s’en sortir.
« …À considérer l’originalité de ses gravures sur verre organique, avec marqueur à alcool, tout autant que ses personnages en matières transparentes, on pourrait dire que Lena Nikcevic « peint le passage» et non « l’être », une étrange « Tendance à exister » (titre de ses sculptures), dans un monde chaotique à la fois en cause et en question (« Stairway to heaven »). Issue elle-même d’une culture des confins, son œuvre en cours est une œuvre des confins, travaillant la lisière, l’orée, le rain, explorant cette zone indécise qui s’oppose à la frontière bornée, interrogeant les nouveaux espaces et leur dé-limitation…»
Alain Borer, 2015
"Lena Nikcevic, dans ses tableaux, ne sépare presque jamais la nature de l’homme, qu’il soit (souvent) seul dans le paysage ou représenté dans un rapport ambivalent avec le monde urbain moderne et ses architectures industrielles. La relation qu’elle établit entre eux, pose de façon essentielle la question de notre présence dans un contexte idéologico-politique où il est devenu urgent de revisiter nos valeurs en remettant en cause celles qui ont rendu notre monde si mal habitable. Elle est de ces artistes pour qui la peinture est chemin de l’homme dans le temps, humanisation du temps par l’acte de peindre, recherche angoissée et parfois douloureuse de notre conscience de vivants, habitants de cette planète on ne peut plus mise à mal, sursaut de la dernière chance. Car c’est toujours la dernière chance. Aujourd’hui comme hier. Et demain plus encore ! Rien pourtant de démonstratif et moins encore de moralisant dans cette peinture dont la voix est essentiellement poétique, mais les voix de la poésie se doivent de s’inscrire dans le monde et s’en faire l’écho.
...
Et s’il suffisait de s’arrêter, de se tenir debout dans le petit matin, les yeux fixés sur la montagne et l’ondulation de la mer, écarquillés sur la pénombre des sous-bois, sur la lumière des écorces et la blancheur d’hermine de la neige ? Instants pris à la dérobée, regard furtif qui tient du vol, vient, revient, se dérobe pour revenir, mais que Lena Nikcevic capture sous le geste de ses pinceaux, fixe par ses couleurs et nous restitue si magiquement. Et si c’étaient ces instant-là, fragments d’une fugitive réalité, ce passage fugace qui seuls importaient ? Ce saut, ce bond vers un regard plus pénétrant, pour rien que la brûlure d’un passage de l’éphémère où se consume notre vie. Mobilité pure camouflée sous nos yeux en immobilité. Musique sous le silence. Comme les premières images d’un temps que nous avons perdu. Instants d’une lumière dont la grâce soudain accordée refait le commencement du monde. Et à Lena ces mots de Nietszche : « L’instant infinitésimal est la réalité, la vérité supérieure, une image éclair surgie de l’éternel fleuve ».”
"extraits de texte "Images de l’éternel fleuve", Michel Diaz, 2022-2023
pour lire plus :
https://www.oart.fr/blog/images-de-leternel-fleuve
/Sélection d’œuvres